X
XS
SM
MD
LG
XL
Projet Atlas

Retour à l'atlas

"Se peut étendre sur les grèves"

Accéder à la présentation

"Se peut étendre sur les grèves"
Concepteurs
Guillaume Bonnel, photographe, avec Surfrider Foundation et le GIP littoral aquitain

Lieu
Capbreton / Hossegor / Noirmoutier / Anglet et autres ...
Milieux
Sur la côte / Rivage / Littoral / Estran / Milieu côtier

Catégorie
Arts & Philosophie

Type de projet
Création artistique

Modalité d'adaptation
Réfléchir / Questionner / Enquêter / Transmettre / Communiquer

En quoi consiste le projet ?

L’article premier de la loi de 1681 définit le domaine public maritime et le rivage de la mer par « tout ce que (la mer) couvre et découvre pendant les nouvelles et pleines lunes, et jusqu’où le grand flot de mars se peut étendre sur les grèves ». C’est sur cette définition que le photographe Guillaume Bonnel décide d’appuyer son travail de recherche sur la transformation des milieux côtiers liée au changement climatique. La notion d'incertitude, d’imprévisibilité et de mouvance de la mer revient dans ses photographies comme dans l'énonciation de la loi de 1681. Guillaume Bonnel se rend dans divers lieux comme Hossegor, Noirmoutier ou Pasaia en Espagne afin de capturer les gestes d’adaptation apportés par l’Homme et traduit sa démarche en une série de photographies épurées et poétiques. Le projet encore en cours a la vocation de présenter une série chronophotographique de l’évolution de ces paysages avec des images qui seront reproduites à l’identique sur le long terme.

Qu'est ce qui fait adaptation ?

Confrontés aux phénomènes climatiques de plus en plus fréquents et intenses et à la montée des eaux imminente, les territoires littoraux deviennent de plus en plus vulnérables et fragiles. Le projet “se peut étendre sur les grèves” met au défi l’adaptation du droit littoral à la dimension mouvante du paysage. Il questionne les effets de la définition du rivage comme structure mentale sur la formation du paysage, instable. Les différents gestes humains s’inscrivent tels des frontières permanentes entre la mouvance de la mer et la côte. Guillaume Bonnel invite à réinterroger la notion de frontière littorale et la vision anthropocentrique portée sur ces territoires façonnés paradoxalement par le droit. L'œuvre photographique de Guillaume Bonnel rend compte de la vanité des gestes paysagers et défensifs initiés par l’humain pour lutter contre la submersion marine. Il invite en revanche à se concentrer sur la poétique de cette gestuelle paysagère, qui, bien que vaine, témoigne d’une certaine innocence anthropique. La manière dont l’Homme soigne le paysage comme on guérirait un organe affaibli, l’endiguement de certains territoires, l’installation de barrières anti-inondation témoignent de la démarche défensive initiée dans ces espaces précaires et mis en péril. Ces contours poétiques d’un paysage mouvant font écho à la définition juridique des territoires littoraux et à l’épreuve du changement climatique et du temps.

Mise en perspective

La volonté de l’Homme à canaliser la nature et à la contrôler se manifeste aussi sur les territoires montagneux menacés par la fonte des glaciers et l’érosion des massifs. Le projet Orthèses réalisé en 2017 par Guillaume Bonnel met en évidence l’obstination de l’être humain à vouloir réparer et soigner son environnement. Cette série de photographies argentiques saisit des paysages montagneux modifiés et façonnés par l’installation de barrages, de canaux et de barrières anti-éboulement, de la même manière que le projet “se peut étendre sur les grèves”, démontre la vanité de ces installations. La tendance à croire que le processus de restauration est applicable à un élément naturel se manifeste dans la plupart des milieux et légitime la brutalité des interventions de l’Homme sur son environnement.

© Guillaume Bonnel
© Guillaume Bonnel
© Guillaume Bonnel
© Guillaume Bonnel
© Guillaume Bonnel