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Adapto

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Adapto
Type de projet
Projet d'adaptation souple et évolutive

Partenaires
Programme européen Life

Concepteur
Conservatoire du Littoral

Lieu
Multiples villes du littoral, France
Milieux
Estuaire / Delta / Marais / Lagune / Milieu saumâtre

Catégorie
Paysage & Ecologie

Type de projet
Recherche / Expérimentation, Approche par le paysage / Penser avec le vivant

Modalité d'adaptation
Recomposer autrement / Penser avec la profondeur du territoire / Retisser les liens / Prendre en compte les interdépendances, Apprendre à vivre avec / Porter attention au réel / Prendre en compte les transformations, les rythmes et les seuils

Page du projet

Contexte du projet

Face aux aléas côtiers (tempête, submersion, érosion) et à l’accélération des effets du changement climatique, les réponses technicistes ont très souvent été proposées comme étant l’unique alternative face au risque : endiguement du littoral, construction d’infrastructures et d’ouvrages de défense contre la mer. Or ces infrastructures lourdes peuvent avoir des effets pervers, en accentuant l’érosion côtière, ou en contribuant à durcir et paralyser les paysages, rendant alors impossible la fluctuation et la mobilité de l’interface terre-mer pourtant essentielle à l’adaptation.

Alors quelles sont les autres démarches possibles ? Peut-on s’adapter à la montée des eaux sans parler de lutte, de protection, ou de défense contre la mer ? Les paysage d’interface entre terre et mer peuvent-ils être des solutions pour rendre les territoires côtiers plus résilients ? Peut-on redonner de l’espace aux écosystèmes naturels qui régissent ces interfaces terre-mer ? Peut-on recréer les conditions permettant les réponses des milieux terrestres aux phénomènes marins, en les laissant évoluer ensemble et non pas l’un contre l’autre ?

Le Conservatoire du Littoral, a lancé depuis 2015, le projet Ad’Apto pour répondre à ces problématiques.

Les concepts clefs

En quelques mots, c’est quoi le Conservatoire du Littoral ?

Le Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres est un établissement public administratif de l’État, basé à Rochefort, et placé sous la tutelle du Ministère en charge de l’environnement. Depuis sa création en 1975, il mène « une politique foncière de sauvegarde de l’espace littoral, de respect des sites naturels et de l’équilibre écologique ». Ainsi, la première mission du Conservatoire est l’achat de terrains visant la protection définitive d’espaces naturels et la préservation de paysages sur les rivages maritimes et lacustres français. Le Conservatoire possède aujourd’hui plus de 13,5% des côtes françaises, soit 203 762 hectares protégés sur plus de 750 sites.

Des réflexions pionnières dans le champ de l’adaptation

En 2004, une estimation des effets physiques de la montée des eaux marines a montré que 20% des sites du Conservatoire pourrait être submergé entre 2050 et 2100. Le Conservatoire entame alors une série d’études prospectives permettant de tester différents scenarii d’action : Résister, Subir ou S’adapter, ceux-ci étant appliqués à plusieurs faciès littoraux. Puis le Conservatoire s’engage dans un premier programme de réflexion et sensibilisation des effets du changement climatique sur les territoires littoraux, le programme LiCCo, Living with a Changing Coast, porté par la France et l’Angleterre. Ce projet sera développé autour de sept sites expérimentaux en Normandie et en Angleterre.

Adapto, 10 sites comme lieux d’expérimentation

Fort de ces expériences, le Conservatoire lance en 2015 le projet Ad’Apto. L’objectif de ce projet est de concevoir des démarches concertées d’adaptation côtière aux changements climatiques, basées sur les écosystèmes naturels. Ce projet fait l’objet d’un co-financement européen Life.

Ainsi dix sites pilotes, soumis aux aléas d’érosion ou de submersion marines, ont été choisis pour représenter les différents faciès du littoral français (estuaires, milieux dunaires, polders, marais, mangroves, etc.) en France métropolitaine et à l’Outre-Mer. Ces projets sont conçus dans une démarche d’expérimentation et proposent une nouvelle perception de l’adaptation face aux aléas et aux submersions marines, en valorisant la résilience naturelle des écosystèmes et paysages entre terre et mer comme des solutions d’adaptation. Ces derniers pouvant devenir des espaces de protection, mais également jouer un rôle sociétal en offrant aux habitants des espaces riches et préservés de l’urbanisation. 

Pourquoi on en parle ?

Un engagement sur le temps long

Aujourd’hui, le Conservatoire apparait comme l’un des acteurs majeurs au niveau national sur les thématiques de la préservation des paysages côtiers et celles de l’adaptation littorale aux changements climatiques. Nous saluons ici son engagement sur le temps long et ses nombreuses actions et expérimentations, pour faire émerger d’autres approches d’adaptation basées sur le vivant, les écosystèmes et les paysages.

La valorisation des paysages d’interface entre terre et mer

A travers les différents projets du programme Adapto, le Conservatoire souhaite mettre en avant des approches de l’adaptation, basées sur les capacités naturelles (appelées aussi « fonctions écosystémiques ») des écosystèmes et paysages côtiers à protéger les territoires urbanisés. Cette démarche a pour objectif de valoriser les fonctions rendues (indirectement) à l’Homme par les écosystèmes naturels, notamment en termes d’adaptation littorale (en opposition à de nombreuses démarches de défense contre la mer, basées sur l’ingénierie lourde, digues, enrochement…).

En effet, les paysages d’interface (massifs dunaires, forêts littorales, marais, prés salés, mangroves, tourbières, etc.) ont une importance déterminante dans l’adaptation aux changements climatiques, grâce à leurs rôles dans l’atténuation des risques naturels, la protection des côtes et habitations, la régulation et la qualité des eaux, l’atténuation des effets de la sècheresse, la protection de l’érosion côtière, le maintien d’une biodiversité riche.

Ainsi, à travers les différents projets Adapto, la compréhension et la prise de conscience de nombreuses « fonctions écosystémiques » de ces milieux, peut favoriser le changement de regard sur ces paysages, pour ne plus les percevoir comme des espaces à conquérir, mais comme des espaces naturels qu’il faut valoriser, protéger et régénérer.

En ce sens, la démarche expérimentale d’Adapto, nous semble mettre en œuvre une conception de l’adaptation plus souple et évolutive, créée avec et grâce aux multiples formes et fonctions du vivant.

Des projets et des gouvernance partagés

A l’échelle locale des dix sites de projet Adapto, la démarche du Conservatoire s’attache à co-créer les stratégies de projets en partenariat avec les collectivités, les acteurs locaux et les habitants. Ainsi, de la baie d’Authie à l’embouchure du Golo, les actions engagées sont identifiées au cas par cas avec les partenaires locaux. Elles ne dépendent donc pas uniquement de la configuration physique du territoire mais également de sa configuration politique et sociale. Elle cherche une implication des acteurs et habitants du territoire sur le temps long, pour penser et créer ensemble les démarches d’adaptation, en prenant en compte le présent mais aussi les évolutions futures.

Warning

Attention à ne pas développer une vision trop anthropocentrique sur les écosystèmes et milieux côtiers qui viserait à utiliser le paysage comme « protection » face à la submersion marine. Nous ne pouvons pas résumer et réduire les paysages à des « fonctions écosystémiques » rendues à l’Homme. Ces milieux et écosystèmes ont leur vie et équilibre propre. De plus, il serait également très réducteur, de résumer nos relations au monde vivant uniquement sous le prisme de la fonctionnalité, nos relations aux paysages et aux vivants sont bien plus diverses, multiples, sensibles et colorées.


Pour en savoir plus :