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GR 2013 et les sentiers métropolitains

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GR 2013 et les sentiers métropolitains
Type de projet
Sentiers métropolitains

Partenaires
Le Cercle des Marcheurs de Marseille, la Fédération Française de Randonnée, les 38 communes traversées par le sentier, le Conseil général, les collectivités territoriales, la Région et Bouche-du-Rhône Tourisme

Concepteur
Bureau des Guides du GR2013

Lieu
Marseille, France
Milieux
Sur la côte / Rivage / Littoral / Estran / Milieu côtier

Catégorie
Paysage & Ecologie

Type de projet
Événement / Itinérance / Rencontre

Modalité d'adaptation
Recomposer autrement / Penser avec la profondeur du territoire / Retisser les liens / Prendre en compte les interdépendances

Page du projet

Le contexte du projet

En 2013, Marseille présente sa candidature pour devenir capitale européenne de la culture. L’histoire de cette ville qui a vu naître les premiers clubs de randonnée de France un siècle auparavant, est alors remise au goût du jour. A contrecourant des simplifications stéréotypées de visions touristiques, ce projet propose de découvrir sans fard la diversité des paysages de Marseille à travers la création d’un sentier métropolitain.

Le GR2013 est le premier Sentier Métropolitain officiel et balisé au monde. Son tracé de 365 km en forme de 8 s’étire autour de l’étang de Berre et du massif de l’Etoile. Premier “GR” (sentier de grande randonnée) à parcourir un territoire métropolitain, il a accueilli plus de 150 000 randonneurs en 2013. Couronné de la Médaille d’Urbanisme de l’Académie d’architecture et “Meilleur nouveau sentier” du National Geographic, le GR2013 marque le développement des sentiers métropolitains en Europe et dans le monde.

C’est un circuit de randonnée pédestre de 20 jours, qui se distingue des randonnées-nature classiques, car il s’agit ici d’un sentier métropolitain qui propose de révéler le territoire de Marseille-Provence sous un nouveau jour. En effet, ce sentier pédestre traverse les paysages urbain et péri-urbain de 38 communes (habituellement traversé en voiture).

Les concepts clefs

L’équipe du GR2013, maintenant devenue le Bureau des Guides, propose a travers ce premier projet et ceux qui suivront depuis les 7 années de leur existence de :

« vous inviter à marcher là où on ne randonne habituellement pas : en zone urbaine et périurbaine. Il propose de multiples manières de partir à pied sur le sentier du GR2013 et dans les communes qu’il traverse pour observer et rencontrer ce qui fait l’existence complexe d’un territoire : ses paysages contrastés, ses habitants, leurs mémoires et leurs usages, les histoires multiples de sa géographie, ses flux et ses circulations mais aussi ses frontières, visibles ou invisibles… »

Afin de renforcer cette nouvelle expérience de la marche et les découvertes qu’elle suscite, cette première randonnée est conçue en étant ponctuée de « temps forts » artistiques et culturels. C’est grâce à la collaboration avec le Cercle des marcheurs de Marseille (aussi appelés artistes-marcheurs) que pourront naître ces projets hybrides. Ainsi, lorsque la culture est invoquée dans ce projet, il s’agit autant de celle des arts, du paysage, de l’activité de la marche, ou des performances éphémères en rapport avec les lieux traversés. Lors du lancement du GR2013, plusieurs balades artistiques, installations, performances, rencontres et débats seront proposés à des escales précises du circuit, ou encore des « pique-nique point de vue ». Ces derniers ont d’ailleurs été organisés en invitant des chefs cuisiniers à parcourir certains segments du GR®, facilitant la découverte du sentier à travers tous les sens.

Les balades en sentiers, rencontres et expérimentations proposées par le Bureau des Guides se sont multipliées et ont évoluées depuis 7 ans. Aujourd’hui, on retrouve un inventaire photographique de 5000 photos pour représenter le territoire, des projets d’aménagement publique pour se réunir dans des lieux particuliers, des expéditions et conférences sauvages, des itinérances avec bivouac, des carnets de voyages réalisés par des marcheurs du GR afin de témoigner de leurs expériences, ou encore des workshops et ateliers le long du sentier métropolitain… et ce n’est pas fini !  
 

Pourquoi on en parle ?

Réappropriation d’espaces délaissés

Ce projet permet de redonner une valeur à l’espace péri-urbain et contribue à la fabrique d’une ville vivante et plurielle. Le péri-urbain est l’extension de la ville, mais lui appartient tout autant que son centre. Le GR2013 permet la reconquête de ces territoires qui n’ont pas été pensés pour les piétons et vient réécrire, transformer la perception de ces espaces habituellement traversés et non regardés car qualifiés de banal ou de “ville moche”. Ils pourront désormais être parcourus par tous, d’autant plus facilement que le Topoguide du GR organise l’hébergement chez l’habitant tout au long du circuit. 

Ce sentier métropolitain propose de se réapproprier l’entièreté et la complexité de ce territoire, en décloisonnant les espaces délaissés issus de l’urbanisation sauvage. Loïc Magnant, membre du Bureau des Guides du GR, explique qu’un des enjeux principaux à la réalisation de ce projet était l’autorisation d’ouverture de 360km de sentiers qu’il fallait reconnecter. Les demandes d’autorisation de passage et de balisage ont rencontré de nombreux obstacles juridiques avant de devenir un sentier ouvert à tous. 

L’accomplissement du GR2013 n’en est que plus important. C’est une reconnaissance des sentiers comme outils qui permette de redonner de la vie et de la cohérence à ces territoires péri-urbains. La formation d’un sentier c’est poser un acte, un tracé fort, qui devient pérenne et va organiser durablement les espaces autour.

Mise en lumière du littoral dans son épaisseur

Ce sentier métropolitain propose également une autre définition du littoral. Il permet de ne plus résumer les paysages littoraux aux simples sentiers des douaniers qui longent le « trait de côte », mais de comprendre les paysages littoraux dans leurs profondeurs et leurs diversités, pour apparaitre comme un maillage fait d’entrelacements, interconnexions et successions d’espaces, de milieux et d’usages.

Mise en lumière du rôle de la marche dans la découverte du territoire

Le GR2013 propose une autre expérience de la marche, différente de la randonnée uniquement en milieux naturels, puisqu’ici l’univers change complètement tous les 100m. C’est un zapping permanent de sensations et d’ambiances qui permet de mieux comprendre et sentir le territoire dans toute sa diversité et sa complexité.

Baptiste Lanaspeze, lors de la conférence au Pavillon de l’Arsenal Comment les sentiers fabriquent la ville ?, explique que c’est dans ces cadres de “loisirs” que se construisent des conceptions communes de notre rapport au monde. Par exemple, les excursionnistes marseillais étaient au départ minoritaires et considérés comme des illuminés, mais ils ont ensuite fait comprendre que la nature était belle et méritait d’être respectée. On pourrait parler d’eux comme des proto-écologistes.

Dans le cheminement qu’offre le GR2013 se joue notre rapport aux espaces et au territoire, parce qu’on ne revient pas la même personne après être parti 20 jours dans des territoires qui parfois nous rebutent ou que l’on trouve laid et sans intérêts, ces sentiers proposent de ressentir t de voir la ville autrement. De plus, les interventions artistiques et culturelles qui ponctuent le parcours apparaissent également essentielles pour accompagner ce changement de regard et de perception. 

“Issue des mondes de l’art et de l’aménagement, la randonnée urbaine est une pratique sociale en plein essor. À la fois infrastructures de transport, équipements touristiques, centres culturels hors-les-murs, écoles de plein air, les Sentiers Métropolitains sont une innovation urbaine internationale, apparue en France et en Europe au début du 21e siècle. Les Sentiers Métropolitains sont des espaces publics d’un nouveau genre, conçus pour nous reconnecter à nos territoires de vie, et pour inventer les villes de l’après‑pétrole”.

Créer un réseau de sentiers métropolitains

Enfin, ce projet de sentier GR2013 a été le premier d’une série de sentiers métropolitains qui se sont créés depuis, soutenus par l’agence Sentiers Métropolitains. Il existe, depuis 2017, un vrai réseau de sentiers métropolitains qui se sont développés à Athènes, Milan, Londres, Boston, Paris, Tunis ou encore Istanbul.

Mise en perspective

Ce projet est à relier avec le manifeste Zone Sweet Zone, rédigé par l’architecte Yvan Detraz. Publié il y a 15 ans de cela, ce mémoire n’avait à l’époque suscité aucune réaction et ce n’est qu’aujourd’hui que l’on se rend compte en le relisant qu’il posait les bases des sentiers métropolitains. Le livre vient d’être publié par la maison d’édition Wildproject cette année.

La question posée par ce manifeste pourrait être “continue-t-on à créer des espaces publics uniquement dans les territoires contemporains de la ville ? ». On se focalise encore trop souvent plus sur le centre-ville ou la première couronne des villes, est-ce normal en tant qu’architectes de démissionner sur cette question du péri-urbain et de laisser ça aux promoteurs ?

L’architecte Yvan Detraz, avait commencé un travail d’exploration pédestre pendant 3 mois autour de Bordeaux pour cartographier ces zones péri-urbaines. Il a ensuite regardé quel était l’état de l’espace public dans ces zones périphériques, au sens de l’espace social. Son enquête révèle un urbanisme devenu très grand consommateur d’espaces et qui, en même temps, génère de nombreux espaces sans fonctions, délaissés, entre-deux, à la marge.

L’architecte propose grâce à un travail de relevé cartographique, de créer un réseau pédestre reliant ces espaces en leur donnant de nouvelles fonctions. Il fonde ensuite Bruits du frigo pour mettre en place des actions publiques qui permettent de tester grandeur nature la question de la marche et de la réappropriation de ces territoires délaissés. Il sera également à l’origine du concept de refuges péri-urbains autour de Bordeaux. Ce sont de micro-architectures dans lesquelles les habitants du territoire peuvent venir dormir gratuitement. Les habitants sont ainsi amenés à venir découvrir un contexte péri-urbain lors d’une nuit en refuge et pourront revenir marcher et arpenter ces lieux (principe inverse des refuges de montagne).