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L’école flottante de Makoko

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L’école flottante de Makoko
Type de projet
Constrution flottante avec les moyens du bord

Partenaires
Heinrich Böll Foundation, Ministère fédéral de l’environnement, Tafeta + Partners, Programme des Nations unies pour le développement

Concepteur
NLÉ (agence architecture, urbanisme et design)

Lieu
Lagos, Nigéria
Milieux
Dans l’eau / Mer / Milieu marin

Catégorie
Architecture & Manières d’habiter le territoire

Type de projet
Architecture / Design / Technique

Modalité d'adaptation
Composer avec l’incertitude / Prendre en compte l’impermanence et l’indéterminé, Créer de nouvelles pratiques / Changer de comportements / Détourner les usages / Transformer nos manières de vivre

Page du projet

Contexte

Le quartier de Makoko est un ancien village de pêcheurs au-dessous du Third Mainland Bridge de Lagos, long de plus de 11 km. Situé au cœur de la lagune de la plus grande ville du Nigeria, ce quartier est souvent qualifié de plus grand bidonville sur l’eau au monde. Ces constructions sur pilotis abritent jusqu’à 300 000 habitants. En raison de l’augmentation des précipitations et de l’élévation du niveau de la mer, les bâtiments de Makoko, qui reposent sur des pilotis fixes, sont toujours sujets à des inondations occasionnelles.

L’école flottante de Makoko a été initialement conçue comme une extension de la seule école anglophone existante sur l’eau, l’école maternelle et primaire Whanyinna, qui servait principalement à la communauté “Egun” de Makoko.   

La construction de ce bâtiment flottant a commencé en 2012, dans l’urgence, dans un moment de crise après que des secteurs du quartier – déclaré campement illégal – ont été démolis par la brigade spéciale de l’État de Lagos.

L’agence d’architecture NLÉ, créée par Kunlé Adeyemi architecte et urbaniste Nigérien, décide de se mobiliser pour venir en aide aux communautés riveraines menacées par l’impact du changement climatique sur ces installations précaires, dans un contexte d’urbanisation croissante. Plusieurs autres organisations telles que le Social Economic Rights Action Center (SERAC) et la Fondation Heinrich Böll ont été alertées de la situation et ont souhaité défendre la présence des communautés de ce quartier de Lagos.

Concepts clefs

L’école flottante de Makoko a été conçue par l’agence NLÉ avec des collaborateurs locaux/internationaux et construite par une équipe composée de l’ONG MakokoYouth, des représentants de la communauté et 8 menuisiers locaux.

Ce bâtiment est construit sur une plate-forme flottante qui s’adapte aux marées et aux variations du niveau de l’eau, ce qui la protège des inondations et des ondes de tempêtes. C’est un prototype de structure flottante qui a pour objectif principal d’accueillir une centaine d’élèves chaque jour.

La construction a commencé avec des maquettes et des tests de flottabilité. Le bâtiment est composé d’une charpente de bois qui repose sur une plateforme de dix mètres par dix, maintenue à la surface grâce à 256 barils de plastique remplis d’air qui jouent le rôle de flotteurs. Les modules en bois qui permettent de contenir 16 bidons chacun, ont été assemblés sur l’eau, créant ainsi la plate-forme qui assure la flottabilité du bâtiment. Le bâtiment, de 10 mètres de haut et de forme pyramidale, se développe sur trois niveaux pour une surface utile de 220 m². Cette forme a été retenue par les architectes en raison de son centre de gravité relativement bas, créant ainsi un bâtiment flottant stable, censé résister aux vents forts ainsi qu’aux intempéries.

Le bâtiment / bateau est équipé d’un système électrique alimenté par des panneaux d’énergie solaire installés sur le toit du bâtiment.

L’école flottante a été utilisée pendant trois ans, de 2013 à 2016. Suite à l’approbation des autorités nationales des eaux intérieures (NIWA) et à l’aval officiel du gouvernement de l’État de Lagos en 2015 la structure a été officiellement remise à la communauté riveraine de Makoko.

Le bâtiment a alors été utilisé pour plusieurs usages de la communauté : le rez-de-chaussée pour des réunions des habitants de Makoko ou comme cour de récréation pour les enfants et les deux étages supérieurs abritaient les salles de classe et des ateliers. Le bâtiment était aussi utilisé pour une utilisation communautaire par les adultes en dehors des heures de cours (marché de poisson, événements, ateliers d’artisanat) et de destination touristique de temps en temps.   

La structure flottante a été conçue initialement comme un bâtiment mobile mais elle a été réduite à un usage statique rapidement, nécessitant des systèmes d’amarrage qui ont été compliqués à mettre en place. En effet, en tant que prototype, il devait rester sans emplacement fixe tout en étant amarré solidement lors de son utilisation. Pour trouver comment ancrer le bâtiment, différentes techniques d’amarrages ont été expérimentées.

Une première solution a été conseillée par l’équipe de construction communautaire, il s’agissait d’ancres de grappin fabriquées avec des matériaux locaux et des techniques de construction vernaculaires. Rapidement ces ancres ont cédé entraînant la dérive de la structure par vent fort. Par la suite une solution impliquant l’utilisation de poteaux en bois pour retenir les ancres de grappin dans le lit de boue a été essayée. Une fois encore en vain. Finalement un système d’ancrage comprenant des pieux en acier remplis de béton a été choisi permettant à la structure de rester immobile pendant un certain moment. Cette solution cessa de fonctionner en mars 2016. Quelques mois plus tard le bâtiment s’effondra, par manque de maintenance et de réparation, lors d’une forte pluie des moussons. La base flottante et des parties du cadre supérieur ont été gravement endommagées et l’intégrité à long terme de la structure a été remise en question. La structure a alors été démantelée, les équipements techniques tels que le système d’énergie solaire et les barils ont été pris en charge en prévision d’une mise à niveau de la Makoko Floating School.

Au même moment l’agence avait construit une structure similaire à Venise pour la Biennale d’architecture de 2016, pour la présenter au public comme une structure novatrice. Le prototype présenté à Venise était une version améliorée tant du point de vue de son plan, de sa stabilité que de la structure et a reçu le Lion d’Argent. L’ambition du fondateur de l’agence NLÉ, Kunlé Adeyemi, était la construction d’une véritable communauté flottante à Makoko. La phase suivante, qui n’a toujours pas trouvé de financement, devait être la construction d’habitations flottantes ayant une typologie similaire.

Pourquoi on en parle ?

L’architecte nigérien, Kunlé Adeyemi, a réussi à construire un bâtiment peu couteux, avec les matériaux du bord, dans un délai très court pour répondre aux besoins de la population locale.

Conçu pour la communauté de Makoko et construit par cette même communauté, ce bâtiment a très vite été approprié par les habitants qui ont su l’utiliser pour leurs divers activités et usages. Utilisé comme école mais aussi comme centre culturel et centre communautaire, il a permis aux habitants d’une partie du bidonville de trouver un espace de rassemblement pour des utilisations quasi-quotidiennes.
En outre, la structure flottante a été construite en utilisant des techniques locales améliorées, avec des matériaux de récupération, ce qui a permis au bâtiment d’être édifié rapidement et de construire un lieu d’accueil avec très peu de moyens, valorisant un espace fonctionnel sur l’eau.

Warning

Après avoir reçu le Lion d’argent à la Biennale d’architecture de Venise, des prototypes améliorés de la Makoko Floating School ont vu le jour en Belgique à Bruges, en Chine à Chengdu pour des expositions (MFS III et la MFS IIIX3) et dans la Baie de Minelo au Cap Vert. Ces nouvelles versions sont construites avec des matériaux beaucoup plus onéreux, préfabriqués et industrialisés ce qui rend le projet moins abordable par les populations locales pour lesquelles le projet originel avait été imaginé.

Pour en savoir plus :