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Photographier l’invisible

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Photographier l’invisible
Type de projet
Photographie des paysages sous-marins

Partenaires
Parc national des Calanques, Fondation Camargo, l’Institut Pythéas, Ministère de la Culture

Concepteur
Nicolas Floc'h

Lieu
Littoral entre Marseille et Cassis, France
Milieux
Dans l’eau / Mer / Milieu marin

Catégorie
Arts & Philosophie

Type de projet
Création artistique

Modalité d'adaptation
Se relier à l’invisible / Créer des brèches / Ressentir / Rêver / Éprouver / Être sensible, Réfléchir / Questionner / Enquêter / Transmettre / Communiquer

Page du projet

Contexte :

A l’occasion de Manifesta 13 qui se tiendra en septembre 2020 à Marseille, le Parc national des Calanques, en partenariat avec la Fondation Camargo, l’Observatoire des Sciences de l’Univers – Institut Pythéas et le Ministère de la Culture, ont commandé à l’artiste Nicolas Floc’h une œuvre sur le territoire sous-marin du Parc des Calanques.

Depuis plusieurs années, l’artiste Nicolas Floc’h s’est donné pour mission de photographier les grandes typologies de paysages sous-marins français à partir de l’exploration des différentes façades maritimes.

Il explore dans son travail les représentations du milieu sous-marin, ce monde aux paysages « invisibles » pour la plupart d’entre nous qui restons sur les rivages ou à la surface de l’eau. A travers ses projets, il donne à voir des fragments de ces mondes sous-marins, de leurs paysages aux beautés sublimes et fragiles, mais aussi de leurs évolutions et transformations face aux pressions anthropiques et au changement climatique.

Concepts clefs du projet :

Avec le projet Invisible l’artiste propose de documenter et de fixer par l’image un état des paysages sous-marins à un instant T, en suivant l’intégralité des 162 km de la bande littorale du Parc des calanques.

Ces explorations, majoritairement en apnée ou avec des bouteilles sur des points précis, permettent de constituer un fond photographique représentant la totalité du territoire marin du parc. Les images prises par l’artiste entre 0 et -30 mètres, en lumière naturelle et au grand angle, permettent une approche panoramique des paysages naturels ou anthropiques.

Les photographies, pour la plupart en noir et blanc, ont pour objectif premier de révéler la variété des paysages présents. Ce parti pris photographique a pour ambition de montrer les fonds marins tels qu’ils sont, sans artifice, ni scénarisation. Le choix du noir et blanc permet à Nicolas Floc’h de travailler sur la turbidité de l’eau et sur l’imaginaire, rendant les images, selon l’artiste, plus authentiques, moins exotiques que lorsqu’elles sont saturées de couleurs.

Dans les calanques, on est face à un environnement très minéral, on peut penser à certaines images de l’espace, des images d’astéroïdes, de la lune. Le noir et blanc permet une approche plus uniforme de la multiplicité des paysages ; par le noir et blanc, l’imaginaire nous renvoie à la fois un espace indéfini mais aussi à un espace plus familier car on ne sait pas où l’on est, on ne sait plus si c’est sous l’eau, et on évacue un certain exotisme qu’on peut avoir avec la couleur. Paradoxalement, on est aussi plus proche d’une vraie lecture de l’espace sous-marin puisque quand on plonge, c’est relativement monochrome. L’image sous-marine qu’on nous donne à voir est souvent une image éclairée artificiellement et qui va ramener une lumière que l’œil ne voit pas sans éclairage artificiel donc, quand on est en plongée sans éclairage artificiel, on va avoir une lecture quelque part du paysage qui va être plus proche de cette lecture en noir et blanc “.

Extrait de la rencontre entre Nicolas Floc’h et Pascal Neveux, février 2020.

Pourquoi on en parle ?

Cette démarche de documentation photographique des paysages sous-marins s’inscrit dans une recherche singulière de représentation artistique, mais elle pourrait être mise en parallèle avec d’autres missions effectuées sur les terres immergées des rivages, celle de la Datar et des observatoires photographiques du paysage. En effet, celles-ci ont permis de voir les évolutions et transformations des paysages littoraux français, mais elles ont fait l’impasse sur les territoires sous-marins. C’est donc la première fois qu’une commande publique artistique demande d’explorer l’espace sous-marin des rivages, en rendant visible ces milieux fragiles pour mieux les prendre en compte et les protéger.

Ce projet photographique révèle l’importance d’explorer le monde sous-marin d’un point de vue artistique car il génère de nouvelles représentations de ces milieux trop souvent mal connus ou perçus uniquement à travers le prisme d’études scientifiques. Ces photographies, loin de figer une représentation du paysage sous-marin, nous ouvre vers d’autres perceptions de ces mondes invisibles, de ces espaces souvent oubliés, très fragilisés par nos activités humaines et en première ligne du changement climatique.

Mise en perspective

Parallèlement à la commande de Nicolas Floc’h, le Parc national des Calanques réalise le premier Plan de paysage sous-marin : une première en termes de planification environnementale, qui permet aux décideurs et acteurs locaux, de s’approprier la connaissance de leurs espaces sous-marins pour en conserver et restaurer les paysages. Lire l’article de Klima sur ce projet ici.

De plus, le projet Invisible s’inscrit dans un programme plus vaste mené par l’artiste. En effet, une initiative parallèle, Initium Maris, a été lancée en Bretagne depuis 2015, où l’artiste accompagné d’équipes scientifiques et citoyennes, longe les côtes et îles bretonnes afin de représenter les espaces sous-marins à une époque où le changement climatique génère des bouleversements majeurs au sein des écosystèmes marins.

Les photographies réalisées sur 45 sites dans les îles et zones côtières, couvrant une région allant de Saint-Nazaire à Saint-Malo, constitueront un fond photographique d’un ensemble de vues panoramiques des paysages sous-marins bretons. Ces photographies des paysages et habitats marins permettront de constituer une représentation inédite de l’ensemble d’un territoire à une époque donnée (2018/2021) avec les activités humaines qui s’y inscrivent depuis le point de vue sous-marin (l’aquaculture, la pêche, les ouvrages portuaires, l’archéologie sous-marine, les activités civiles ou militaires…).

Cette mission est menée en collaboration avec un consortium scientifique qui rendra possible une contextualisation des images : données satellites de la couleur de l’océan (Hubert Loisel, UCLO), inventaire du benthos, définition de typologie d’habitats sous-marins en lien avec des suivis biologiques de terrain (Sandrine Derrien, MNHN), mesures physicochimiques… extension l’environnement profond (Julie Tourolle, Pierre-Marie Sarradin, Ifremer).

Nicolas Floc’h travaille ainsi sur plusieurs projets en parallèle : le projet « Initium Maris » (2015/2018/2021) qui permet d’approcher les paysages sous-marins et leurs transformations à l’ouest entre Saint-Malo et Saint-Nazaire, « la Couleur de l’eau » (2016-2021) qui immerge le spectateur dans les variations de couleurs de l’océan depuis la Côte-Nord et la région Hauts-de-France et au sud, « Invisible » (2018/2020) explore un environnement périurbain en Méditerranée.


Pour en savoir plus :